Gribouille ; Elle n'aura pas connu "son" printemps de l'an 68...
Publié le 23 Septembre 2011
Pas
la peine de faire de l’investigation malsaine sur le « s’est-elle suicidée ? »…le constat est-là ! On l’a retrouvée morte dans son appartement d’un matin froid ; le 18 janvier de
1968.
Le mystère reste… Le fait d’avoir absorbé des barbituriques avec de l’alcool volontairement n’a étonné personne…Mais, voulait-elle passer une nuit dans sa bulle…et le cœur n’a pas tenu ou
voulait-elle en finir avec cette vie qu’elle avait de plus en plus de mal à supporter… « Comment ? Mais, de qui s’agit-il ? » :
De « Gribouille »…Non, pas du film, ou du dessinateur éponyme. Non de celle dont la chanson ( et de la bonne ! ) voulut d’elle durant près de 11
ans…Et oui mourir à 27 ans, c’est con !
Elle issue d’une famille bourgeoise lyonnaise dite de bonne famille a vu le jour le 17 juillet 1941. Son
véritable nom : Marie-France Gaité. Des études catholiques dont elle conservera le don pour la pratique du piano.
Très jeune, elle n’a qu’en tête…La chanson. Une enfant qui refuse les contraintes de toutes sortes. Des parents débordés ne sachant plus comment la recadrer. Et elle se voit placer en foyer dès sa pré-adolescence.
Ses éducatrices ( et oui à cette époque les équipes éducatives n’étaient pas mixtes ) découvrent très vite
son talent pour la chanson…Elles la qualifient « D’animal de la chanson » - rien que ça ! - Malheureusement, c’est la grande mode de placer , de
déplacer et de replacer de foyer en foyer dit d’observation . Une fois de plus elle perd ses marques.
Bref ! On la balade…La soupape de la cocotte minute explose ! Elle squattera avec sa bande de copains une grande villa lyonnaise. Elle fera ses débuts dans une petite « boîte » lyonnaise où elle peut se produire gratuitement.
Certains journalistes locaux ne sont pas insensibles à sa
voix. Son nom de scène emprunté à une éducatrice est trouvé. Ce sera : GRIBOUILLE !
Puis, c’est la grande fugue…Direction Paris en stop ! l’anecdote retiendra que c’est en corbillard qu’elle y arrive avec 15 francs en
poche...
Pas peur la gamine, elle deviendra SDF... logera dans les endroits les plus incongrues ( voitures, garages, hall de gares ). Tout çà n’a pas changé en
prenant de l’ampleur dans notre triste XXIème siècle…
Dans
la Capitale, elle survit avec quelques monnaies gagnées en dessinant à la craie à même les trottoirs…Grâce à un dessinateur de rue qui lui enseigne l’art de la craie.
A force d’errer dans les rues de Paris et de dormir en bord de Seine…Son visage d’ange au caractère bien trempé devient familier.
Elle décroche même un contrat de quelques mois en Allemagne qui tournera court. Mal rétribuée, pour ne pas dire exploitée…
Elle rejoint la rive-gauche où elle chante à « la cabane bambou ». Là, Gribouille est vite repérée par Aimée Mortimer , célèbre productrice et animatrice de télévision. elle la fait passer aussitôt dans ses émissions.
Des articles dithyrambiques sont publiés la comparant à
Barbara et Brel.
Suivront ses prestations sur le célèbre cabaret « le bœuf sur
le toit » , « Au don Camillo » et à « l’Ecluse ». Elle sera prise sous la coupe de Cocteau. Ce dernier fera d’elle de nombreux dessins…qu’elle gardera comme porte-bonheur.
Son apparence androgyne et sa voix grave ainsi que ses chansons personnelles et ambiguës lui valent un succès certain auprès d’un public « lesbien » de cette frange ( très rejetée ) de la population. Nous sommes au début des années 60 !
Françoise Mallet-Joris disait d’elle « Elle était le désespoir sous la
forme la plus séduisante qui chante avec des coups de gueule et d‘inattendus mouvements de tendresse qui l’étonnaient elle-même….
»
Au début des années 60, elle écrit ses plus belles chansons avec la chance d’avoir des compositeurs de haute volée…Tels que ; Charles Dumont, Georges Chelon ou Jacques Debronckart…On retiendra : Grenoble, Ostende, Mathias, Les roses barbelées….
Que reste-t-il d’elle ?
Une jeune femme qui chantait avec sa peur, ses révoltes et cette douceur qui étaient en elle. Ecrivant ses propres textes et les interprétants avec son mal de vivre et son désarroi. Sa voix fascinante, juste, puissante donnait des frissons indicibles à son public.
Un diamant brut…qui n’attendait plus qu’à être taillé pour nous montrer ses multiples
facettes.
Son « mourir demain » a quelque chose de prémonitoire…sa dernière page est arrivée bien trop vite…un 18 janvier 1968…Je suis sûr quelle aurait eu sa place dans le printemps de cette même année…
Il ne nous reste sa voix inoubliable et son livre « Je vais
mourir demain » ( toujours en stock ). Ses vinyles que l’on pouvait retrouver en CD à la fin des années 90 sont
épuisés..
Alors si vous passer au cimetière de Bagneux. Le cimetière aux 1.800 arbres…allez faire un tour dans la 96
ème division et racontez-moi. Merci !
Si j'ai le cœur en berne
C'est la faute aux bateaux
Qui ont quitté la Seine
Pour suivre les oiseaux
Si j'ai le cœur en berne
Je ne l'ai pas voulu
Tu disais : moi je t'aime
C'est bête mais je t'ai cru
Si j'ai le cœur en berne
C'est que tu as laissé
Rien qu'un peu de poème
Traîner sur du papier
Si j'ai le cœur en berne
C'est que le printemps meurt
Tu avais de la peine
A voir coucher les fleurs
Si j'ai le cœur en berne
C'est que je me souviens
Nous aimions bien la Seine
Et les vieux bateaux bruns
Si j'ai le cœur en berne
C'est que je t'aime encore
Malgré le temps qui traîne
Qui me crie que j'ai tort
Si j'ai le cœur en berne
C'est que je t'aime encore
Malgré le temps qui traîne
Qui me crie que j'ai tort
Si j'ai le cœur en berne
C'est que je t'aime encore
C'est que je t'aime encore
C'est que je t'aime encore. Gribouille
Bonne écoute !
Mathias.
Le marin et la rose.
Les roses barbelées.
Mourir demain.
Les rondes.
Ostende.
Grenoble.
Les amants.
Le temps de marie.
A courtes-pailles.
Les corbeaux.
Bon sang ! de bonsoir !
Le cœur en berne.
Hommage à gribouille par Zaniboni (chanteuse franco-italienne )
Je vous laisse écouter à votre rythme…Merci.
Patrick